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Auteurs | Waldmann, Blandine (Interprète) Brahms, Johannes (Compositeur) Mussorgsky, Modest (Compositeur) Scriabin, Alexander (Compositeur) |
Edition | Dux Recording Producers : Paris , 2018 |
Matériel Accompagnement | 1 livret |
ISBN | 5-902547-01353-6 |
Prix | 15 € |
Langue d'édition | français |
Sujets | Piano, 19è siècle -- Piano, 20è siècle |
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Résumé : Une programmation pleine d’imagination, peut-être inspirée, voilà ce qui peut sans doute déterminer le succès de ce disque. Les oeuvres de Moussorgski et de Brahms sont toutes célèbres ; la magnifique Sonate n 9 de Scriabine l’est peut-être un peu moins mais elle mérite tout autant notre attention et, en fait, notre amour. Les oeuvres cohabitent si parfaitement, le granitique Moussorgski cédant au Brahms crépusculaire via le livre 2 ouvert et extraverti des Variations sur un thème de Paganini et de là aux paysages fantasmagoriques et astraux du Scriabine tardif. Sur un autre plan, nous passons du descriptif (les impressions des tableaux de Moussorgski) jusqu’aux régions les plus éloignées de l’abstrait en passant par les songeries automnales de Brahms. La pianiste française Blandine Waldmann, une Parisienne, a déjà impressionné avec un disque de musique du compositeur suédois Jonathan Östlund pour le label Divine Art (Fanfare 39:4). Dans cet enregistrement, c’était sa palette de couleurs pianistiques qui était si frappante. Ici, on a l’occasion de voir ce qu’elle peut faire à cet égard, et à bien d’autres encore. Le Moussorgski est rude et sans complaisance, comme il se doit. La dissonance est une part aussi essentielle de ce paysage que la consonance ; en fait, elle s’accorde parfaitement avec l’approche pianistique souvent monolithique de Moussorgski (le Bydlo de Waldmann est particulièrement austère). Mais ces contraintes n'empêchent en rien la pianiste de faire preuve d'invention ; la quatrième Promenade, à retenir son souffle (celle qui précède les poussins), en est un bon exemple. Sa maîtrise du diminuendo est remarquable, parfaitement calibrée ; elle joue avec une touche d’impressionnisme en certains endroits de Limoges mais s’en détache à la dernière minute. Son staccato est très spirituel et parfaitement calibré ; pas un seul coup de bec aux commères de la place du marché. En outre, il y a là une grande intelligence dans le traitement des textures graves qui créent un lien avec le Liszt de la maturité et une brillante Cabane sur des pattes de poules qui mène à une noble Grande Porte . L’enregistrement soutient tout à fait les prouesses d’interprétation de Waldmann, même si le son de l’imposante Grande Porte est un peu étouffé. Personne n'est encore parvenu à égaler la fameuse chevauchée à bride abattue de Sviatoslav Richter dans Les Tableaux , lors d'un concert à Sofia (exécution tristement célèbre pour sa pléthore de fausses notes et d'omissions mais célèbre aussi pour l’éclat de son interprétation et la furieuse envie qu’il donnait de se lever de son siège). Mais l’interprétation de Waldmann n’en reste pas moins convaincante. Les Variations sur un thème de Paganini de Brahms (1862/63) semblent toujours attendre le jour où leur génie sera pleinement reconnu, malgré des interprétations de gens comme Michelangeli et Arrau. Les moyens pianistiques non négligeables qu’elles réclament jouent certainement un rôle (elles ne semblent pas trop gêner Waldmann) mais une fois encore ce sont la profondeur de l’interprétation et la diversité des sonorités disponibles qui impressionnent. Waldmann restitue parfaitement le ton de la quatrième variation, nostalgique mais sans complaisance, alors que la douzième variation intériorisée semble faire allusion au monde crépusculaire des pièces plus tardives. À tel point que l’op. 117 (1892) ne semble pas bien loin ; la surprise survient lorsque Waldmann met en valeur la plus novatrice des progressions harmoniques, faisant penser aux grisants sommets harmoniques du Scriabine, ou plutôt en constituant un pré-écho. Bien sûr, dans le Brahms, elle est en concurrence avec des gens comme Guilels et, dans son approche, elle est sans doute moins fougueuse que certains. C’est un jeu sérieux et souvent magnifique ; les sombres octaves du début de l’op. 117/3 nous ramènent peut-être au Moussorgski dans ce contexte. Le Capriccio en ré mineur de l’op. 116 se déroule ici en majesté, somptueusement interprété à tous les niveaux, surtout quand, funambulesque, la pédale forte s'oppose à la clarté (et lorsque Waldmann s’autorise des traits sans cette pédale forte, quel effet réussi). La conclusion de ce Capriccio est absolument passionnante. Le Brahms de Waldmann a une assurance merveilleuse d’un bout à l’autre de ses choix. Dans la Neuvième Sonate de Scriabine, Waldmann est au coude-à-coude avec Horowitz, Richter et Solokov, trois titans du clavier, sans parler d’Aimard ou de l’étonnant Sofronitski (dont l’interprétation de février 1960 rééditée chez Brilliant Classics est l’ enregistrement que les collectionneurs ont le plus de chance de trouver). Une fois encore, l’objectif de Waldmann est sûr (c’est une sorte de Guillaume Tell pianistique à cet égard), parvenant à un mélange parfait de sonorité sensuelle, de clarté et de vigueur dans son interprétation. Waldmann tient bon dans cette partition insaisissable car elle croit de manière fascinante à ses propres interprétations. Un superbe disque, poussant à la réflexion et fabuleusement conçu en terme de répertoire et de présentation. En outre, des notes intéressantes de la pianiste elle-même. Colin Clarke, Fanfare Magazine Traduction : Marie-Stella Pâris
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